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« J’engraisse mes jeunes bovins bio pour la restauration collective »

Guillaume Aurel cherche à valoriser au mieux ses 15 ha dédiés aux cultures pour engraisser efficacement ses jeunes bovins.

Guillaume Aurel, éleveur bovin dans le Tarn, participe au projet Proverbial qui vise à engraisser les jeunes bovins mâles et à leur trouver un débouché.

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Les jeunes mâles, c’est l’un des maillons faibles de l’élevage bovin allaitant bio : . « Les femelles servent au renouvellement ou passent en génisses grasses, déclare Alexis Gangneron, conseiller référent des systèmes d’élevage à la chambre d’agriculture du Tarn. En revanche, nous avons des difficultés à valoriser les jeunes bovins mâles ». Et pour cause, 58 % de ces animaux sont vendus maigres pour être engraissés en conventionnel, dont une partie à l’étranger. D’où le projet Proverbial, lancé par l’Institut de l’élevage, visant à expérimenter des itinéraires de finition de ces mâles. Des animaux « intermédiaires », ni bœufs, ni veaux, appelés « Bouvibio », abattus entre 8 et 14 mois. Autre ambition : étudier la possibilité d’écouler localement cette viande dans la restauration hors domicile.

À Puycelsi, dans le Tarn, Guillaume Aurel s’est lancé depuis deux ans dans ce test, avec son troupeau d’Aubracs. « L’aliment est coûteux en bio. L’objectif est d’être autonome et d’engraisser le plus possible les animaux avec ses propres céréales. Ce qui fut dur en 2024 », admet-il. Pour les 10 à 12 veaux qu’il valorise ainsi chaque année, l’engraissement est réalisé à base de méteil réalisé sur les 15 ha. « C’est souvent un mélange de pois, de triticale, de vesce et d’avoine, détaille l’éleveur. L’an passé, on a aussi récolté de l’orge pur, auquel j’ajoute un bouchon de luzerne pour la protéine. En 2023, le méteil était à 16 % de protéines. L’aliment fermier est de qualité variable. » Après le sevrage, aux alentours de 7 mois, le foin et le concentré prennent le relais. « C’est en majeure partie du foin de prairies naturelles », souligne l’éleveur.

Vendu 7,14 €/kg

Le pâturage constitue 80 % du temps de vie des veaux, sur les 100 ha de prairies permanentes et de parcours et 15 ha de prairies temporaires. « Il faut valoriser l’herbe au mieux », souligne Guillaume. Les vêlages ont lieu en fin d’hiver et début de printemps. Abattus à 9 ou 10 mois, les « bouvibios » sont assez hétérogènes. Leur poids de carcasse est d’environ 200 kg, pour un GMQ moyen de 1,280 kg, avec une conformation R + ou U 2 + et un rendement carcasse de 55 à 57 %. « J’aimerais gagner du poids carcasse en dépensant le moins possible, concède l’éleveur. Mais ce que je fais correspond aux attentes du marché. »

Il y a 4 ans, avec cinq de ses confrères, Guillaume en effet créé l’association des éleveurs bios du Tarn, qui commercialise le « bouvibio » dans deux cuisines centrales et une grande surface. « Le prix de revient est autour de 6,80 €/kg et le prix d’achat du groupement à l’éleveur est de 7,14 €/kg, se félicite-t-il. L’objectif serait d’écouler davantage de jeunes mâles via ce circuit. Sinon, je les vends à un marchand pour l’export, ce qui me rapporte moins. » Une autre cuisine centrale pourrait faire appel à l’association l’an prochain, ce qui permettrait d’écouler, en tout, environ 200 jeunes mâles. Resterait alors, avec les autres éleveurs, à organiser les vêlages en fonction des besoins du marché tout en continuant valoriser l’herbe au mieux.

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